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Par Luc MICHEL
(Sources : JANA, TV LIBYENNE, AFP, DH, BELGA)
15 personnes, dont trois enfants, ont été tuées lundi dans un nouveau raid de l’Otan, à Sorman à l’ouest de Tripoli. L’Alliance atlantique a d’abord démentie avoir frappé cette ville, avant de reconnaître – devant les preuves présentées à la presse – qu’elle y avait bien mené une attaque aérienne.
L’OTAN SEMBLE AVOIR MIS EN ROUTE UN PROGRAMME D’ASSASSINAT DES ELITES LIBYENNES, SUR LE MODELE INITIE PAR TSAHAL EN PALESTINE.
Le raid, mené vers 04H00 du matin (02H00 GMT), a visé en effet une résidence d’un vieux compagnon de route du leader Mouammar Kadhafi – un de ces officiers patriotes qui ont fait la Révolution du 1er septembre 1969 -, à environ 70 km à l’ouest de la capitale, selon un responsable du régime, qui a précisé que celle-ci avait été "touchée par huit missiles".
Un journaliste de l’AFP, emmené sur place avec d’autres correspondants de la presse internationale, a constaté que plusieurs bâtiments avaient été détruits. Il a ensuite été conduit à l’hôpital de Sabratha, à une dizaine de km de Sorman, où il a vu neuf corps entiers, dont celui de deux enfants, et des morceaux d’autres cadavres, dont celui d’une enfant (moitié de tête, etc.).
La résidence touchée appartient à Khouildi Hemidi, qui faisait partie du conseil de commandement de la révolution de 1969.
Selon Moussa Ibrahim, le porte-parole du gouvernement libyen, la plupart de victimes appartiennent à la famille Hemidi et deux de ses petits-enfants figurent parmi les enfants tués. Parmi les morts se trouvent également des membres de deux familles habitant des maisons situées à proximité, dont au moins trois membres d’une famille soudanaise.
Khouildi Hemidi s’en est sorti sain et sauf: il se trouvait au moment du raid dans un bâtiment qui n’a été que partiellement endommagé.
Un journaliste de l’AFP, emmené sur place avec d’autres correspondants de la presse internationale, a constaté que plusieurs bâtiments avaient été détruits. Il a ensuite été conduit à l’hôpital de Sabratha, à une dizaine de km de Sorman, où il a vu neuf corps entiers, dont celui de deux enfants, et des morceaux d’autres cadavres, dont celui d’une enfant (moitié de tête, etc.).
L’OTAN PRIS EN FLAGRANT DELIT DE MENSONGE :
En début d’après-midi, un responsable de l’Otan a "fermement" démenti tout raid à Sorman. "Nous n’avons pas opéré là-bas", a déclaré dans un premier temps un responsable de l’Otan sous couvert de l’anonymat, ajoutant: la seule frappe cette nuit dans la région de Tripoli s’est déroulée "à Tripoli même, et pas à 04H00 du matin".
L’Alliance a cependant reconnu en fin d’après-midi qu’elle avait bien frappé la ville.
Des avions de l’Otan ont effectué un "raid de précision" (sic) tôt lundi matin contre un "centre de commandement et de contrôle de haut niveau" (resic) dans la région de Sorman, a-t-elle indiqué en fin d’après-midi.
Le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, présent sur les lieux, a souligné de son côté que le raid avait "fait 15 morts dont trois enfants", dénonçant "un acte terroriste et lâche, qui ne peut être justifié".
LES CONTES PERNICIEUX DE L’OTAN …
"L’Otan joue sa crédibilité. Nous ne pouvons pas courir le risque de tuer des civils, c’est quelque chose qui ne va absolument pas", a estimé lundi le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini. "Les carences de communication de la part de l’Otan posent problème, parce que nous devons contrecarrer la propagande médiatique" du régime de Tripoli, a-t-il estimé.
En l’espace de 24 heures, l’Alliance atlantique a déjà reconnu deux "bavures" en Libye à un moment où la légitimité de son intervention reste contestée et où elle stagne sur le terrain.
Dimanche, elle a déjà admis avoir tué par erreur des civils lors d’une frappe nocturne à Tripoli, dans laquelle neuf personnes dont cinq membres d’une même famille sont mortes.
Elle a expliqué avoir voulu viser "un site militaire de missiles" (sic) mais qu’il y a pu y avoir "une erreur dans le système qui peut avoir fait un certain nombre de victimes civiles" (resic).
"L’Otan regrette la perte de vies de civils innocents", a assuré le général Charles Bouchard – le bien nommé Boucher de Libye -, qui dirige l’opération en Libye.
Samedi, l’Alliance atlantique avait aussi déjà dû admettre avoir accidentellement frappé une colonne de véhicules rebelles dans la région de Brega (est) le 16 juin.
Au moins deux autres incidents du même type étaient déjà survenus.
La coalition internationale a commencé son intervention le 19 mars, sous mandat de l’ONU « pour protéger la population civile en Libye ». Sa « protection unifiée » a déjà coûté la vie à près de 1.500 civils libyens …
L’Otan a pris le commandement des opérations le 31 mars. Depuis, l’Alliance a effectué quelque 1.500 sorties.
M. Ibrahim a accusé l’Otan de commettre des actes "barbares" en visant "délibérément des civils".
FISSURES DANS L’OTAN …
Ces événements interviennent à un moment difficile pour l’Otan. Le 10 juin, la Norvège, qui a envoyé six chasseurs F-16 pour contribuer aux frappes, a annoncé qu’elle allait réduire son engagement, puis qu’elle y mettrait fin à compter du 1er août, deux mois avant l’expiration de l’actuel mandat de l’Otan. Ce pays est le premier membre de la coalition à planifier ouvertement son retrait des opérations.
Mais la contestation la plus forte vient des Etats-Unis, où le président Barack Obama se prépare à un conflit ouvert cette semaine au Congrès, dont nombre de membres ne digèrent pas qu’il ne les ait pas consultés pour autoriser l’intervention.
L’AFP évoque ouvertement le « risque d’enlisement du conflit » et précise à propos de l’OTAN que « la légitimité de son intervention reste contestée » …