« Nous serions prêts, si la guerre civile devait durer, à appeler à l’envoi de volontaires en Libye »
Le 24 février 2011, STREET PRESS (Paris) interview Luc MICHEL, qui vient de lancer publiquement les comités ELAC (Euro-Libyan Action Committees).
L’interview, menée par Maud de Bourqueney, est très polémique, dans le style agressif qui est la marque de ce media.
On notera que les analyses et prévisions de Luc MICHEL, en cette première semaine des événements libyens, se sont toutes avérées exactes. Que ce soit la nature des « rebelles », l’intervention occidentale. Ou encore la transformation du coup d’état avorté en guerre civile. Au moment où tous les commentateurs pronostiquaient la « fin rapide de Kadhafi », Luc MICHEL annonce que le Guide va se battre et se maintenir. 6 mois plus tard, il est toujours là !
L’Interview de STREET PRESS :
LUC MICHEL : « LA LIBYE N’EST PAS DU TOUT UN ETAT REPRESSIF »
Rencontre du 3e type avec l’homme qui appelle à « l’envoi de volontaires en Libye ».
Rencontre du 3e type avec l’homme qui appelle à « l’envoi de volontaires en Libye ».
Pour Luc Michel le colonel Kadhafi est victime d’un complot: les drapeaux des insurgés sont « splendides » « C’était donc préparé, il a fallu les donner ! » Le bolchévique belge organise donc la résistance depuis Bruxelles.
Maud de Bourqueney – STREET PRESS : "Ce qu’on appelle ici l’excentricité de Khadafi correspond en fait aux normes africaines"Alors comme ça Luc Michel vous appelez à défendre la Jamahiriya libyenne ?
Luc MICHEL : Oui, parce que Kadhafi a instauré un modèle de démocratie directe qui fonctionne (…) Vous savez je connais la Libye, je suis un ami de la Libye. En Libye, il n’y a pas de misère. Selon moi, ce que la presse appelle « Révolutions arabes » est un processus implanté de l’extérieur, dont le but véritable est de réaliser le projet de Georges Bush du Grand Moyen-Orient.
Un fait est révélateur : les insurgés ont récupéré l’ancien drapeau de la Libye – noir, rouge, vert. Ce drapeau a disparu de Libye depuis 40 ans et il y a des milliers de drapeaux qui sont dans les manifestations depuis le premier jour. C’était donc préparé ! Il a fallu donner, préparer les drapeaux. Ce ne sont pas des drapeaux bricolés, il y a de splendides drapeaux !
Maud de Bourqueney – STREET PRESS : Mais les drapeaux ont peut-être été conservés dans les greniers, tout simplement ?
Luc MICHEL : Non, non, c’est totalement impossible. Vous imaginez pendant 40 ans ? Si vous croyez que les libyens de 1969 avaient des drapeaux chez eux ! C’était un pays qui vivait au Moyen-Age avec 98% d’analphabètes. C’est Kadhafi qui a changé tout ça ! Le système est vieillissant, c’est vrai mais on ne peut pas contentez tout le monde.
Maud de Bourqueney – STREET PRESS : Kadhafi ne vous fait pas l’effet d’un fou mégalomane ?
Luc MICHEL : Ce qu’on appelle ici l’excentricité de Khadafi correspond en fait aux normes africaines. Ses vêtements spectaculaires notamment. C’est quelqu’un qui vit simplement, sous une tente. Dans la vidéo qui est passée à la télévision, la vieille Fiat que l’on voit est vraiment sa voiture. Khadafi n’est pas Berlusconi. Si sa garde personnelle est composée essentiellement de femmes, c’est qu’il a plus confiance en elles. Ce n’est pas son harem. La Libye est un État puritain. C’est d’ailleurs l’ un des problèmes que Khadafi a avec la jeunesse. Elle n’a pas d’exutoire en Libye : il n’y a pas de bar, pas d’alcool, pas de discothèques. Rien.
Maud de Bourqueney – STREET PRESS : Comment comptez-vous sauver le soldat Kadhafi ?
Luc MICHEL : Pour l’instant, notre bataille est au niveau des médias. Nous agissons beaucoup sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, nous nous sommes faits 750 amis en 40 heures. Et Facebook nous a censurés dès le premier jour. Estimant qu’il y a trop de gens qui arrivent, le site nous empêche d’ajouter des amis ou de répondre aux messages sur le profil. Un buzz s’est quand même créé. Maintenant, si les choses devaient tourner mal en Libye, nous apporterons évidemment nos structures et nos moyens à l’organisation d’une résistance…
Maud de Bourqueney – STREET PRESS : Militairement ?
Luc MICHEL : Nous serions prêts, si la guerre civile devait durer, à appeler à l’envoi de volontaires en Libye.
Maud de Bourqueney – STREET PRESS : Et vous-même vous iriez ?
Luc MICHEL : C’est possible… Mais nous ne sommes pas des desperados. Nous ne somme plus en 1936, à l’époque des brigades internationales, il y a un combat médiatique très important qui n’existait pas avant. Et puis, on ne sait pas comment va évoluer la situation. La possibilité que Kadhafi se maintienne est de 2/3. Nous sommes loin de la catastrophe annoncée ici.
Maud de Bourqueney – STREET PRESS : Il n’y a pas de répression de la part du gouvernement ?
Luc MICHEL : La population civile se bat contre d’autres civils. Ce n’est pas l’armée de Khadafi contre les civils. L’aviation libyenne ne bombarde pas des civils, cela n’a pas de sens. Ils bombardent des dépôts d’armes dans des zones qu’ils ne contrôlent plus. (…)
La Libye n’est pas du tout un État répressif. On voit infiniment plus de policiers à Paris ou à Bruxelles qu’en Libye. C’était une police très bon enfant dans un État où la criminalité n’existait quasiment pas. Les délinquants étaient condamnés par les tribunaux de quartiers à des travaux d’intérêt général. Mais cette police, qui n’était pas armée, s’est retrouvée face à des manifestants armés.
Maud de Bourqueney – STREET PRESS : Et ces mercenaires africains dont on parle souvent ?
Luc MICHEL : Cette fameuse histoire des mercenaires africains qui est reprise partout… Un tiers de la population libyenne a la peau de couleur noire. Il ne s’agit pas du tout de mercenaires africains, il s’agit de membres libyens des forces de sécurité. Il y a actuellement, dans toute la Libye et dans les banlieues de Tripoli, une chasse aux africains, menée par les islamistes. Un vague de xénophobie dont le but est de faire partir les soutiens étrangers de Kadhafi. C’est le chaos : on pille, on tue, on viole. Des bandes de voyous attaquent les magasins, les islamistes violent les femmes. Cette minorité cherche à contrôler la rue en terrorisant la population.
Maud de Bourqueney – STREET PRESS : Que craignez-vous si Khadafi est déchu ?
Luc MICHEL : 1 : l’éclatement du pays et un état islamiste aux portes de l’Europe. Deux : la fin du contrôle de l’immigration africaine, chose que Khadafi faisait très bien. Trois : un choc économique, compte tenu des énormes intérêts économiques européens en Libye. Le choc pétrolier, c’est nous qui allons le payer. Enfin, nous ne sommes pas des indifférents, ce qui est le plus grave, c’est la guerre civile qui est partie pour durer. En Europe, des manifestations de libyens pro- et anti- Khadafi ont eu lieu à Hambourg, à Berlin, à Londres. S’il n y avait pas la police, les gens se battraient. En sachant qu’ils ont le sang chaud ! Les arabes sont des latins !
LE PORTRAIT (AU VITRIOL) DE LUC MICHEL PAR STREET PRESS :
Luc Michel Ami de Kadhafi « C’était une police très bon enfant dans un État où la criminalité n’existait quasiment pas »
Qui es-tu Luc Michel ? Staline, Tito, Milosevic, Saddam Hussein et maintenant Khadafi… Belge un peu fou de 53 ans, il se revendique de Jean Thiriart, père du nationalisme bolchevique, une sorte de mix entre communautarisme européen, anti-impérialisme américain et antisionisme. « Son rêve », selon Manuel Abramowicz, rédacteur en chef de Résistances.be, « c’est la création d’un empire européen du Portugal jusqu’au fin fond de la Russie ». Il fonde en 1984 le Parti communautaire national-européen avant de se lancer dans une activité de consultant lobbyiste à la solde des régimes anti-impérialistes d’ex-URSS et de la Libye. Depuis 2004, il est coordinateur du Mouvement des Comités Révolutionnaires (MCR) pour l’Europe. « Bientôt 40 ans de militantisme révolutionnaire engagé, toujours sur la brèche ! » écrit-il sur son profil Facebook.
COMMENTAIRE DE LUC MICHEL
ADRESSE A STREET PRESS ET PUBLIE APRES LA DIFFUSION :
Luc Michel nous a écrit pour apporter cette précision:
"Précision de Luc MICHEL : nous parlons de l’envoi de VOLONTAIRES dans le cadre d’une Brigade européenne, sur le modèle des Brigades Internationales en Espagne en 1936 contre Franco. Pas de mercenaires. Le premier européen tombé au combat, les armes à la main, dans les Rangs de la Résistance palestinienne en 1968 s’appelait Roger COUDROY. Il était membre de l’Organisation transnationale que je dirige à la suite de Jean THIRIART. Sa mémoire dicte notre devoir. Nous combattons pour nos idées. Et pour la plus haute des valeurs qui tend à disparaître totalement dans le triste monde made in Washington : l’Honneur ! Pour le reste, vos écrits vous appartiennent et vous avez eu le courage d’en parler … LM"
L’interview original sur le site de STREET PRESS,
Avec un EXTRAIT AUDIO de l’interview :