Revue de Presse pour ALAC – Afro-Libyan Action Committees
31 mai 2012
Nadia Kerraz analyse dans El-Moudjahid le « spectre du scénario libyen » :
« La Chine a réaffirmé ce 30 mai, son opposition à une intervention militaire en Syrie, une hypothèse que certains pays veulent voir renforcer après le « massacre de Houla » qui a fait 108 morts.
Mais pour la Chine, qui le cas échant recourra à son droit de veto pour bloquer toute résolution que le Conseil de sécurité serait à même de prendre dans le sens d’une intervention militair, un changement de régime en Syrie ou ailleurs, ne peut se faire par la force. Les conséquences d’une telle démarche pourraient être chaotiques pour le pays.
le cas de la Libye va hanter pour longtemps les pays ayant permis une intervention militaire dans ce pays pour faire tomber le régime El Gueddafi. Cette expérience malheureuse et désastreuse à la fois, à laquelle ont souscrit quelques pays dont la Chine, a servi de leçon. Aujourd’hui alors que certains pays occidentaux poussent à reproduire le même scénario (intervention militaire ndlr) en Syrie, Pékin et Moscou qui disposent du droit de véto au niveau du Conseil de sécurité s’y sont opposés. Selon une source diplomatique il est hors de question de rééditer l’aventure libyenne en Syrie.
En fait, dans ce cas, il est souligné qu’il faut s’en tenir aux choix du pays et du peuple. Une ligne de conduite à laquelle certaines capitales occidentales refusent de s’astreindre. Pourtant, il ne peut être difficile de comprendre que la démocratie ne se parachute pas, pas plus que n’importe quel modèle de développement économique, politique ou social.
Et puis comment peut-on envisager la mise en place d’une démocratie et d’un développement durable lorsque la stabilité n’existe pas. L’exemple libyen est à ce sujet assez édifiant. Alors que l’intervention militaire était censée permettre l’instauration rapide d’un nouveau régime, démocratique s’entend, à la place et lieu de celui qui était en place, il s’est avéré qu’elle (l’intervention militaire, ndlr) a ouvert la voie à une ère d’instabilité qui risque de durer avec tout ce qui en a découlé comme conséquences sur la sécurité de toute la région. Si aujourd’hui Pékin réaffirme son opposition à toute action militaire en Syrie c’est en connaissance de cause sur les retombées négatives qu’elle ne manquera pas de susciter.
La Syrie occupe une place telle dans la région du Proche-Orient que toute action visant à sa déstabilisation aura des répercussions qui dépasseront de loin les limites géographiques de ce pays. Et pour cause, les enjeux géostratégiques de cette région ne sont plus à rappeler. Reste cependant que le peuple syrien est en droit d’exprimer des aspirations démocratiques pour un changement de régime à la seule condition qu’il mène par lui-même sa revendication. »