La Russie dénonce le soutien des USA à l'opposition syrienne comme étant une "justification du terrorisme" …
Luc MICHEL pour Syria Committees /
Avec PCN-SPO – AFP – Ria Novosti – Libération – FAZ / 25/07/2012
Il y a en permanence un double discours de l’Occident. Dans les médias, la diplomatie, la politique.
Il y a ainsi de bons et de mauvais « dictateurs ». Suivent que ceux-ci sont soumis où non à l’impérialisme américain. Les « bons » pouvant subitement devenir « mauvais », comme Ben Ali ou Moubarak. Car les USA congédient toujours leurs domestiques sans préavis …
Il y a aussi de bons et de mauvais terroristes. Les bons étant ceux dont la terreur et les attentats servent la politique cynique et agressive de l’Axe américano-sioniste. Et parfois, Washington n’étant pas à une hypocrisie ou à une incohérence près, ils peuvent être les deux. Les « combattants de la liberté » – dixit Reagan – de Ben Laden, quand ils combattaient les soviétiques en Afghanistan, deviennent après le 11 septembre des « monstres ». Avec l’assaut sur le « Grand Moyen-Orient », voilà non seulement les Salafistes et les frères musulmans – alliés de toujours des USA -, mais aussi les djihadistes s’Al-Qaida revenu du « bon côté », celui du libre marché, de Wall-Street et du Pentagone.
LIBYE – SYRIE : LES DJIHADISTES DE L’OTAN
Un destin est emblématique de cette politique américaine à géométrie variable : celui du libyen Habdelhakin Belhadj, successivement leader des terroristes lbyens, cadre dirigeant d’Al-Qaida, djihadiste en Afghanistan, détenu de Guantanamo, sortit des prisons libyennes par les américains pour diriger les Katibas islamistes du CNT à Tripoli, enfant chéri des généraux français de l’OTAN, « gouverneur militaire » de Tripoli par la grâce de l’émir du Qatar et de Sarkozy …
Le voici maintenant en charge des djihadistes libyens et caucasiens infiltrés en Syrie.
Avec l’échec du complot occidental au Conseil de sécurité de l’ONU, les masques tombent et les médias de l’OTAN célébrent maintenant les troupes de choc de la guerre importée par l’OTAN en Syrie.
Pas un jour sans que des journaux petit-bourgeois comme Libération (Paris) ou Le Temps (Genève) ne chantent la gloire des djihadistes, force photos de katibas barbues et de snipers tout aussi barbus à l’appui.
Ainsi Libération (23 juillet 2012) nous en dit plus sur Al-Qaida en Syrie aux côtés de la pseudo ASL et des forces spéciales de l’OTAN (comme en Libye quelques mois auparavent) ; A commencer par la confirmation de la « présence de combattants étrangers dans les rangs de la rébellion ». Alors que « Les responsables de l’ASL affirment qu’ils sont très peu nombreux (sic), voire inexistants (resic)». « Pourtant, 150 djihadistes, dont des Français, des Tunisiens et des Tchétchènes, contrôlaient samedi le poste de Bab al-Hawa, à la frontière turque. En réalité, 400 combattants non-Syriens, en majorité originaires du Maghreb, seraient installés depuis plusieurs semaines dans un camp à proximité de la Turquie, selon un rebelle », c’est-à-dire sous le contrôle direct de l’OTAN et de l’AKP d’Erdogan. « Une cinquantaine d’autres ont été signalés dans le djebel Zawiya. Des combattants libyens, pakistanais et afghans ont enfin été repérés à Taftanaz »
MOSCOU S’INTERROGE SUR LES PAYS QUI SOUTIENNENT LE TERRORISME EN SYRIE
Il n’y a pas que les aveux des médias de l’OTAN.
Jeudi 19 juillet, les rebelles syriens se sont emparés du poste Bab al-Hawa à la frontière turque et du poste Abu Kamal à la frontière irakienne.
« Moscou est ainsi en train de vérifier les informations selon lesquelles les postes-frontières avec la Turquie et l'Irak auraient été pris non par l'opposition, mais par des terroristes d'Al-Qaïda », a déclaré mercredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse à Moscou.
"Il y a des informations selon lesquelles l'opposition (syrienne) se serait emparée de postes-frontières avec l'Irak et la Turquie. Tout d'abord, tout cela est en train d'être vérifié. (…), du moins, des cas de vols de biens turcs ont été signalés à la frontière turque et selon certaines informations, ce n'est pas l'Armée syrienne libre qui a pris possession de ces postes-frontières, mais des groupes liés directement à Al-Qaïda", a indiqué le ministre.
Selon lui, si de telles actions des terroristes sont soutenues par certains pays, Moscou « voudrait savoir ce que ces pays cherchent en Syrie et quelle est leur vraie position sur le règlement du conflit syrien. »
DES SPECIALISTES DES ATTENTATS TERRORISTES AMENES PAR L’OTAN
Les djihadistes amenés en Syrie par l’OTAN ont apporté avec eux un savoir-faire dans l’attentat de masse qui sert bien aux plans US contre la Syrie ba’athiste. Libération explique aussi, sans sourcilier, que « Les combattants syriens utilisent aussi de plus en plus souvent des mines artisanales commandées à distance et fabriquées à partir de nitrate d’ammonium, un engrais facile à se procurer. » «Un Libyen est venu il y a quelques semaines nous expliquer comment les faire», affirme à Libération Abou Amar, un chef de l’ASL « qui commande 1 200 hommes ».
Le Frankfürter Allgemeine Zeitung (FAZ, Berlin), le journal qui a déjà enquêté et attribué sans aucune erreur le „massacre de Houla“ à l’ASL, écit que les Renseignements allemands estiment que « au moins 90% » des attaques terroristes en Syrie depuis décembre jusqu’au début juillet « peuvent être attribués à des organisations liées à Al-Qaida où à des groupes djihadistes ».
LA RUSSIE DENONCE LE SOUTIEN DES USA A L’ASL ET AU CNS COMME UNE « JUSTIFICATION DU TERRORISME »
Notre analyse est celle du gouvernement russe. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé ce mercredi la position des Etats-Unis à l'égard de l'opposition syrienne comme étant une "justification du terrorisme", accusant Washington « de ne pas avoir condamné l'attentat du 18 juillet à Damas ».
"C'est une position assez horrible", a déclaré M. Lavrov en évoquant cet attentat dans lequel plusieurs hauts responsables du régime syrien ont été tués. "Je n'arrive même pas à trouver les mots pour formuler notre position à ce sujet. C'est une justification directe du terrorisme", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
Le chef de la diplomatie russe a particulièrement critiqué l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, affirmant qu'elle avait déclaré après l'attentat de Damas que « le Conseil de sécurité de l'ONU devait voter une résolution imposant des sanctions à la Syrie », à laquelle Moscou a mis son veto la semaine dernière.
"En d'autres termes, cela signifie que 'nous' (les Etats-Unis) allons continuer de soutenir de tels actes terroristes aussi longtemps que le Conseil de sécurité ne fera pas ce que nous voulons", a déclaré M. Lavrov.
M. Lavrov a en outre qualifié de "soutien direct au terrorisme" toute une série de déclarations émises par la diplomatie américaine.
Trois hauts responsables en première ligne dans la répression de la révolte en Syrie, parmi lesquels le beau-frère du président Bachar al-Assad, ont été tués dans cet attentat spectaculaire. Un quatrième, le chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar, a succombé vendredi à ses blessures.
Le département d'Etat n'avait pas condamné cette attaque, le porte-parole Patrick Ventrell déclarant que "les Etats-Unis ne voulaient pas davantage d'effusion de sang en Syrie, mais que ces hommes (tués) étaient les principaux architectes de l'agression du régime d'Assad contre le peuple syrien (sic)".
LA RUSSIE CONDAMNE AUSSI LES SANCTIONS UNILATERALES DE L’UE
La Russie a par ailleurs condamné les nouvelles sanctions imposées ce lundi par l'Union européenne contre la Syrie, le qualifiant de "blocus".
Ce 23 juillet, les chefs de diplomatie des 27 pays de l'UE ont adopté une décision visant à renforcer l'embargo sur les livraisons d'armes à Damas. La décision prévoit un contrôle obligatoire des navires et des avions soupçonnés d'acheminer des armes et du matériel de guerre vers la Syrie. Ce contrôle sera effectué dans les ports et les aéroports de l'UE, ainsi que dans les eaux territoriales européennes.
Ces mesures comprennent notamment de nouveaux gels d'avoirs, ainsi que l'obligation de contrôle des navires et aéronefs soupçonnés de transporter des armes à destination du régime. Mesures unilatérales qui violent le droit international et la liberté de navigation. Seul un embargo de l’ONU a force de loi internationale.
"De fait, les mesures prises par l'Union européenne peuvent être considérées comme un blocus aérien et maritime", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
La Russie a réitéré son hostilité aux sanctions unilatérales qu'elle juge "contre-productives".
Les sanctions de ce type "ne contribuent pas à normaliser la situation en Syrie et ne correspondent ni à la lettre ni à l'esprit du plan de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan", a ajouté le ministère.
MOSCOU DENONCE LA VIOLATION DES ACCORS DE GENEVE SUR LA SYRIE
Les sanctions unilatérales décrétées par l'Union européenne contre Damas vont aussi à l'encontre des accords conclus lors de la conférence de Genève sur la Syrie, a aussi déclaré ce mercredi aux journalistes le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. "Une voie unilatérale a été choisie, et nous estimons qu'elle est contraire aux principes de la collégialité et aux décisions adoptées par le Conseil de sécurité sur la Syrie. Nous estimons également que cette voie va à l'encontre des accords conclus par les membres du Groupe d'action le 30 juin à Genève", a affirmé le ministre.
Le chef de la diplomatie russe a rappelé à cette occasion que le communiqué de Genève ne faisait mention d'aucune sanction supplémentaire.
Réuni le 30 juin dernier à Genève, le « Groupe d'action sur la Syrie », comprenant les ministres des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, de la Turquie et de pays de la Ligue arabe, sont tombés d'accord sur les principes de règlement de la crise syrienne. Ces principes prévoient la création d'un gouvernement de transition réunissant toutes les parties en conflit.
M. Lavrov a souligné que la Russie s'opposait aux sanctions unilatérales.
"Nous estimons que chaque question doit être débattue collectivement", a-t-il indiqué.
Selon le ministre, si la communauté internationale voulait adopter une position collective à l'égard de la Syrie, elle devait le faire dès le début de la crise, en invitant le Conseil de sécurité de l'ONU à "examiner des moyens d'action sur les deux parties belligérantes: le régime en place et l'opposition armée".
Moscou – et derrière elle il y a Pékin et le puissant Groupe de Shanghai – confirme donc clairement son refus d’infléchir son opposition de principe à toute politique d'ingérence dans une crise qu'elle juge "intérieure".
La Russie affirme défendre le respect du droit international. Ce Lundi, le président Vladimir Poutine a mis en garde contre une guerre civile de longue durée en Syrie si le président Assad était démis de ses fonctions de manière "inconstitutionnelle".
LM