Les états arabes et musulmans totalement au service de Washington, l’Iran isolé paye sa politique cynique de double-jeu …
PCN-SPO / Focus / 2012 08 16 /
Focus : Le fait du jour décrypté par Luc MICHEL
pour le Service de Presse du PCN / PCN-SPO
Lu sur le fil AFP (Paris)
Ce 18 août 2012
« Réunis dans la nuit en Arabie saoudite, les « dirigeants du monde musulman » sont tombés d'accord sur "la nécessité de mettre fin immédiatement aux actes de violences en Syrie et de suspendre ce pays de l'OCI" (sic). Seul l'Iran chiite, principal allié régional de Damas, s'est opposé à cette suspension "injuste" au sein de cette organisation majoritairement sunnite.
La décision a en revanche été saluée par les Etats-Unis qui y ont vu le signe "de l'isolation croissante du régime de Bachar al-Assad et de l'étendue du soutien au peuple syrien et à sa lutte pour un Etat démocratique". »
ISOLE, L’IRAN PAYE LE PRIX DE SA POLITIQUE CYNIQUE
On notera tout d’abord que l’Iran, qui se retrouve totalement isolé, paye cash sa politique équivoque, à géométrie variable. Sujet important, qui est souvent mal compris des milieux anti-impérialistes (sauf des militants pro Irak). Il y a le décor – les drapeaux US brûlés à Téhéran et la logorrhée radicale antiaméricaine – et la réalité : le double-jeu cynique des mollahs iraniens avec l’Axe américano-sioniste.
Téhéran entend en effet mener une politique de grande puissance régionale.
C’est une politique cynique, hypocrite, la caricature de la real-politique ;
L’Iran est en effet, suivant les pays, associée aux USA et à l’OTAN. Où en conflit avec eux.
IRAQ – AFGHANISTAN – LIBYE :
TEHERAN – COTE PILE – COMPLICE ACTIF DES USA ET DE L’OTAN
Téhéran participe à l’occupation de l’Iraq. Où le gouvernement fantoche bénéficie du double soutien des USA, puissance occupante officielle, et où Téhéran contrôle totalement les partis chiites majoritaires après l’interdiction du Ba’ath multiconfessionnel, les services secrets, une partie de l’armée, les milices chiites (dont celle du fantoche Sadr).
Pendant la guerre Iran-Irak de 1980-88, l’Iran bénéficiait de l’aide discrète des Israéliens et des USA. Le fameux « Irangate » n’a été qu’un fusible sacrifié pour dissimuler l’ampleur de la collaboration Téhéran-Tel-Aviv-Washington, la partie émergée d’un iceberg.
Pour ceux qui doutent, lire le livre des avocats du président Saddam Hussein sur son dernier combat, son procès et son exécution sommaire. Qui est un réquisitoire sans appel contre la complicité IRAN-USA en Iraq : SADDAM, LES SECRETS D’UNE MISE A MORT LIVRES PAR SON AVOCAT, Khalil Al-Doulaïni (edition française chez SAND ed. , en 2010). En particulier les pages 234 à 239 de cette édition française, intitulées « La montée au martyre et la gloire », où sont décrites les conditions de l’exécution de Saddam : bourreau israélien (il faut un spécialiste car Saddam doit mourir lentement, comme Hitler en juillet 44 les mollahs veulent une mort lente), assistant chiites clients de Téhéran (dont Sadr lui même), dans le public chefs des milices et partis pro-iraniens, officiers de l’OTAN, diplomates iraniens et américains …
Téhéran est en Afghanistan un des deux soutiens quasi officiel du Gouvernement fantoche de Karzai. L’autre étant les USA et l’OTAN. Que l’on comprenne bien : il ne s’agit pas d’une influence iranienne qui s’opposerait à celle des USA, mais bien d’une double influence, en accord – derrière les affrontements verbaux virtuels – pour maintenir au pouvoir un gouvernement fantoche. Sans le soutien de Téhéran, Karzai s’effondrerait et avec lui l’occupation de l’Afghanistan par l’OTAN.
A ce sujet, RADIO-CANADA (24 octobre 2010) pouvait titrer « Kaboul sous influence iranienneé et écrire : « L'Iran aurait ses entrées dans l'entourage du président Hamid Karzaï. Selon le New York Times, son chef de cabinet Oumar Daoudzaï recevrait régulièrement d'importantes sommes d'argent de Téhéran afin de promouvoir les intérêts de l'Iran en Afghanistan (…) Des millions de dollars auraient ainsi été versés dans un fonds secret auquel auraient recours Oumar Daoudzaï et Hamid Karzaï pour payer des députés, des chefs de tribus et même des responsables talibans, afin de s'assurer de leur loyauté. Les deux principaux intéressés ont refusé de commenter les allégations rapportées par le New York Times. Un des assistants du chef de cabinet les a cependant qualifiées de « foutaises ». L'ambassadeur de l'Iran à Kaboul, Feda Hussein Maliki, a aussi refusé de commenter, mais son porte-parole parle de « ragots diaboliques provenant des médias occidentaux et étrangers (sic) ».
Double-jeu dans le double-jeu (quoi que …), l’Iran est aussi un sponsort des Talibans.
Selon RADIO-CANADA, « Téhéran jouerait en fait un double jeu, ses services secrets finançant et entraînant les insurgés tout en ayant monétairement appuyé de nombreux candidats aux récentes élections ».
J’écris « quoi que … » Car tout ceci va aussi in fine dans le sens de la politique de l’OTAN. Washington s’apprête en effet à réassocier les Talibans au pouvoir à Kaboul, dans le cadre de sa politique d’association au pouvoirs fantoches dite du « Grand Moyen Orient ». Où l’association des islamistes radicaux est un des axes centraux …
IRAN – HEZBOLLAH – NATO – USA – CNT :
L’AXE ANTI-KADHAFI ET LA DESTRUCTION DE LA JAMAHIRIYA
En Libye, l’IRAN a soutenu dès le début le pseudo CNT (1). Ses réseaux de désinformation salissant Kadhafi. Avant d’infiltrer Tripoli, leurs « journalistes non-mainstream » (sic), où ils ont semé la confusion. Y perdant le peu de crédibilité qu’il pouvait leur rester.
Et son vassal libanais du Hezbollah envoyant des cadres à Benghazi et des combattants à Misratta.
Le 14 avril 2011 (AFP, Reuters), le « vice-ministre libyen aux Affaires étrangères » (son équivalent, le vice secrétaire-général du Congrès populaire aux relations extérieures, dans la Démocratie Directe libyenne il n’y avait ni ministres ni ministères en Libye) accusait « des éléments de Hezbollah libanais de combattre avec les insurgés à Misrata à 200 km à l'est de Tripoli. » Notre camarade Khaled Kaaim (aujourd’hui « disparu » dans les geôles du CNT), avait indiqué, au cours d'une conférence de presse, que « les franc-tireurs à Misrata sont des éléments de Hezbollah. Ce n'est pas une anecdote. C'est réel », a-t-il dit, précisant que « les agences de renseignement occidentales seraient au courant de l'implication d'éléments de ce parti dans l'insurrection à Misrata ».
Fin août, les djihadistes des katibas du CNT – elles sont ajourd’hui en Syrie contre Assad – se voient ouvrir la route de Tripoli par les forces spéciales du Qatar et de l’OTAN. La capitale de Khadafi tombe. Les masques de Téhéran aussi !
Notre camarade le Dr Moussa Ibrahim (aujourd’hui dans la clandestinité de la Résistance), porte-parole du Leadership jamahiriyen, déclare le 24 août 2011 :
« L’OTAN et l’Iran sont en alliance momentanée en Libye ». Ce même 24 Août 2011, l’Iran soutient officiellement les rebelles libyens du CNT. Le régime du président Mahmoud Ahmadinejad faisait cette déclaration : "La République islamique félicite le peuple musulman libyen (…) à la suite des développements dans le pays. Le soulèvement populaire en Libye a montré une fois de plus que la satisfaction des demandes légitimes des peuples et le respect de leurs aspirations sont des nécessités incontournables". Le ministère des affaires étrangères Ali Akbar Salehi ajoute que l’Iran "a soutenu le mouvement populaire depuis le début". L’Iran se dit prêt "à partager son expérience avec la nation frère libyenne pour l’aider à instaurer la liberté, la justice (…) à la lumière de la religion".
24h avant l’Iran, le Hezbollah confirmait son appui au CNT : « Le Hezbollah félicite le peuple libyen » …
LE FIGARO, le 28 août 2011, reprenant des informations provenant d’une interview de Ali Akbar Salehi au quotidien JAM-E-JAM, précise : « Avant la chute de Kadhafi, nous avions des contacts avec de nombreux groupes rebelles et nous avons envoyé sans faire de bruit trois à quatre livraisons d'aide médicale et humanitaire à Benghazi", a déclaré Salehi au journal. "Le chef du Conseil national de transition (CNT, organe politique de la rébellion libyenne) Moustapha Abdeljalil a envoyé une lettre de remerciement au président iranien (Mahmoud Ahmadinejad) pour son soutien et pour l'aide envoyée", a ajouté le ministre. »
Quant on voit sur certains réseaux sociaux des pages de « soutien à la Syrie, la Libye verte … et l’Iran », créées par des Serbes – qui ont oublié que l’Iran était, déjà avec l’OTAN et les Saoudiens, l’un des principaux soutiens du régime islamiste d’Izetbegovic en Bosnie-Herzégovie en 1990-98 -, on ne sait s’il faut sourire ou pleurer. Visiblement la confusion paye et certains ont la vue et la mémoire courtes !
SYRIE – BAHREIN :
TEHERAN – COTE FACE – CONTRE LES USA ET LEURS ALLIES
Mais au Bahrein et en Syrie, l’IRAN est opposé à l’OTAN et aux Américains. En syrie car il s’agit de ses intérêts vitaux géopolitiques, notamment la liaison avec son vassal libanais du Hezbollah. Le souci c’est qu’en participant à la destruction de la Libye de Kadhafi et à l’occupation de l’Iraq ba’athiste, Téhéran a fait tomber les deux principaux obstacles à l’agression contre la Syrie (2).
Au Bahrein se déroule peut-être la seule véritable révolte du monde arabe (3), celle de la majorité chiite soutenue par Téhéran contre la minorité sunnite qui monopolise le piouvoir. Dans une zone vitale pour les USA, Bahrein est le port principal de la VIIe Folotte US, celle qui contrôle la Mer rouge.
On y notera que ces grands démocrates – Qatar et Saoudiens en tête – mènent une répression féroce, commettant crimes de guerre, tortures, violations des droits de l’Homme, bien réelles celles-là. Sans émouvoir les grands humanistes de l’Occident, pas plus que BHL ou ces ONG occidentales si actives contre Assad ou Kadhafi …
OCI ET LIGUE ARABE : AU SERVICE DE L’AXE AMERICANO-SIONISTE
L'OCI , comme la Ligue Arabe, est dominée financièrement par les DICTATURES RELIGIEUSES pétro-monarchiques, dont le Qatar et les Saoudiens, et la Turquie des Islamistes de l’AKP. Sans oublier le Pakistan, allié étroit des USA, où les Islamistes radicaux sont un état dans l’état, l’armée et les services secrets.
Les états-clients des USA issus du soi-disant "printemps arabe" – Egypte, Tunisie, CNT libyen, Yemen – et les monarchies fantoches – Maroc, Jordanie – complètent cette asujetissement total aux intérêts de l'Occident et de l'Axe américano-sioniste.
Turquie de l’AKP, Qatar et Arabie saoudites sont directement partie prenante au conflit syrien, arment, encadrent et financent les terroristes de la pseudo ASL et les katibas djihadistes. Ainsi que les groupes qui commettent les attentats.
Il en était de même lors de l’agression contre la Jamahiriya de Kadhafi.
PRESSE SYRIENNE : « SERVIR LE PROJET DE L’OCCIDENT »
Après la suspension de la Syrie par l'OCI, la presse syrienne a par ailleurs, et fort justement, accusé cette organisation islamique de servir le « projet de l'Occident et de ses valets dans la région qui veulent provoquer la chute de l'Etat syrien et un conflit confessionnel ».
Après la destruction de l’Irak ba’athiste laïque – sans oublier la Libye de Kadhafi, sans minorité religieuses, mais qui acceptait un évêque catholique à Tripoli -, la Syrie ba’athiste est avec le Liban le dernier état multiconfessionnel et tolérant. Outre la soumission aux intérêts de Washington, c’est intolérable aux fanatiques de Doha ou Ryad …
LM
PS : je reviendrai prochainement sur ce sujet important dans une seconde partie, où j’évoquerai particulièrement « le projet du Croissant chiite », projet géopolitique américain, connexe et complémentaire à celui du « Grand Moyen Orient »…
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(1) Sur le double-jeu iranien, et aussi les campagnes des réseaux pro-iraniens en Europe contre Kadhafi et pour l’intervention de l’OTAN, dès début mars 2011, relire :
TEHERAN AVEC L’OTAN ET LE PSEUDO « CNT » CONTRE KADHAFI !
Luc MICHEL : MENACE ISLAMISTE SUR LA LIBYE (1) / LES FACTIONS ISLAMISTES DU PSEUDO « CNT » SE DISPUTENT LE POUVOIR !
Et Luc MICHEL : MENACE ISLAMISTE SUR LA LIBYE (2) / L’IRAN AVEC LE PSEUDO « CNT » MADE IN NATO CONTRE KADHAFI : LES MASQUES SONT TOMBÉS !
(2) Cfr. PCN-SPO/ FOCUS/ ARABESQUE AMERICAINE. Le rôle des Etats-Unis dans les révoltes de la rue arabe.
(3) Cfr. Mes analyses de 2003 au moment de l’agression contre l’Irak et celles du 5 février 2011.
PCN-TV, "Le Monde arabe est en feu" : Entretien en Français de Luc MICHEL pour PCN-TV, sur les soit-disant « révolutions arabes » (Tripoli, 7 février 2011).
sur le site de PCN-TV : http://vimeo.com/26435385
VERBATIM sur le Website THE JAMAHIRIYAN RESISTANCE NETWORK : https://www.elac-committees.org/2011/08/03/6-fevrier-2011-luc-michel-annonce-depuis-tripoli-l%E2%80%99agression-occidentale-contre-la-libye-et-la-syrie/
Luc MICHEL, L'AGRESSION AMERICANO-SIONISTE EST UNE GUERRE IDEOLOGIQUE CONTRE LE NATIONALISME ARABE : APRES BAGDAD, DAMAS ET TRIPOLI SONT EN LIGNE DE MIRE ! (2003)
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Photos :
La trahison de l’OCS et de la Ligue arabe au service du projet impérialiste US du « Grand Moyen-Orient ».
Un réquisitoire sans appel contre la complicité IRAN-USA en Iraq : SADDAM, LES SECRETS D’UNE MISE A MORT LIVRES PAR SON AVOCAT de son avocat Khalil Al-Doulaïni.