Les guerres de Washington contre
« vaste enjeu stratégique pour les Etats-Unis et leurs partenaires en Afrique du Nord » (Hillary Clinton)
PCN-SPO / Focus /2013 01 24/
Avec APS – The Guardian – ELAC Website /
Focus : Le fait du jour décrypté par Luc MICHEL
pour le Service de Presse du PCN / PCN-SPO
Lu sur le Website APS (Alger)
Ce 24 janvier 2013
« Clinton : les révolutions arabes ont fragilisé la sécurité en Afrique du nord.
La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré mercredi que les bouleversements du monde arabe de 2011 avaient chamboulé l’équilibre des forces et fragilisé la sécurité dans cette région. Dans son audition devant le Congrès sur l’attentat de Benghazi qui avait coûté la vie à quatre Américains dont l’ambassadeur Chris Stevens, Mme Clinton a considéré que cette opération meurtrière "ne s’est pas produite à partir du vide". "Les révolutions arabes ont bouleversé la dynamique du pouvoir en place et porté un coup aux forces de sécurité dans la région", a-t-elle affirmé. En outre, a-t-elle poursuivi, l’instabilité au Mali a créé un "vaste refuge" aux terroristes qui cherchent" à étendre leur influence et à conduire des attaques dans d’autres endroits tel que nous l’avons vu la semaine dernière en Algérie" dans l’opération terroriste perpétrée au site gazier de Tiguentourine (In Amenas).
# Il faut suivre Clinton et s’accrocher !
Discours cynique et hypocrite, où l’incendiaire joue à la victime, où le pyromane crie au feu …
LE DESSOUS DES CARTES AU DELA DE
Après avoir soutenu les djihadistes en Afghanistan, en Libye, en Algérie, en Irak et en ex Yougoslavie (Bosnie, Kosovo) en 1980-1998, les USA les combattent au Soudan et en Afghanistan (1996-2012). Pour de nouveau s’allier avec eux en Libye (2010-2012) et Syrie (2010-2013). En 2012, les USA sont de nouveau en guerre avec les djihadistes en Libye, au Yemen et au Sahel. Mais soutiennent toujours les mêmes en Syrie en 2013.
Ce qui n’empêche pas Mme Clinton de déclarer sans vergogne devant le Congrès : « Lorsque les Etats-Unis sont absents, en particulier dans des environnements instables, il y a des conséquences : L’extrémisme prend racine, nos intérêts en souffrent et notre sécurité interne se trouve menacée ».
A noter : les islamistes de Téhéran eux aussi ont bien louvoyé. Soutiens des djihadistes du FIS algérien en 1991, des radicaux bosniaques du régime Izetbegovic en 1991-96 (dont ils encadraient les brigades de choc, dont la fameuse 7e Brigade musulmane, des islamistes chiites irakiens (de 1980 à nos jours, où ils servent de gouvernement fantoche), des Talibans, du CNT de Benghazi en 2011-2012. Ils sont aujourd’hui, pour des raisons purement géopolitiques d’intérêt national aux côté de
Vous suivez toujours ?
Les USA ont organisé – notamment via les réseau OTPOR-CANVAS dont les mentors sont les sénateurs Mc Cain, Lieberman et l’ex vice-président Biden – le soi-disant « printemps arabe » (2). Voilà que Clinton se plaint des effets déstabilisateurs de cette de vague de coup d’états qui a mis des régime pro-américain au pouvoir (Libye, Tunisie, Egypte) ou conforté leurs alliés (Qatar, Arabie saoudite, fractions pro US au Liban, Maroc) …
Ce que Clinton finit par reconnaître en évoquant une « grande opportunité » : « En répondant aux différentes questions soulevées par les parlementaires américains, Mme Clinton a estimé que les bouleversements connus par le monde arabe en 2011 étaient, en même temps, ‘‘une grande opportunité, ainsi qu’une grave menace’’ pour les Etats-unis en raison de la tourmente qui persiste dans la région. "Ce ne sera pas facile car ces pays n’ont aucune expérience de la démocratie", a-t-elle encore observé. »
UN IMMENSE CHAOS GEOPOLITIQUE
Le résultat de ce « grand jeu » (de dupes), c’est un immense chaos géopolitique :
* Les USA gagnants et les djihadistes en pleine expansion. L’Iran seule grande puissance régionale dans un monde arabe brisé. Brutalement dit : les meilleurs ennemis du monde ont tiré les marrons du feu chacun pour soi.
* Qui a perdu ? Tous les autres.
Les régimes nationalistes révolutionnaires arabes – Jamahiriya libyenne, Irak ba’athiste, Syrie ba’athiste, Algérie – détruits ou fragilisés.
L’Europe-croupion de l’UE – qui est devenue tout sauf l’Europe – qui participe avec le sang de ses fils et l’argent de ses économies en crise aux guerres des USA contre
ET REVOILA LE PRETEXTE DE LA « GUERRE CONTRE LE TERRORISME »
POUR LEGITIMER LES GUERRES DES USA
Mais revenions aux propos de Mme Clinton.
Pour la chef de la diplomatie américaine, l’attaque terroriste de Benghazi « fait partie d’un vaste enjeu stratégique" pour les Etats-Unis et leurs partenaires en Afrique du Nord ».
Dans ce sens, elle a mis l’accent sur « la nécessité de l’intensification des efforts pour lutter contre le terrorisme » et « concevoir des moyens efficaces pour soutenir les démocraties naissantes en Afrique du Nord ».
Soulignant que « les inquiétudes des Etats-Unis au sujet du terrorisme et de l’instabilité en Afrique du Nord n’étaient pas récentes », elle a précisé « qu’elles constituaient une priorité pour le gouvernement américain et ses services de sécurité ». A ce sujet, elle a fait valoir « qu’il s’agissait de faire face à un environnement de menaces en évolution rapide qui nécessite de continuer à agir de façon à accroître la pression sur Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et les autres groupes terroristes dans la région ».
Sur le front diplomatique, elle a rappelé « les démarches qu’elle avait entreprises à travers ses contacts avec les dirigeants des pays maghrébins, la tenue d’une réunion à l’Assemblée générale de l’ONU consacrée au Mali et au Sahel, et sa visite effectuée en octobre à Alger ainsi que celle du secrétaire d’Etat adjoint, William Burns’ pour, selon elle, « assurer le suivi ».
Sur le front militaire, selon Clinton, « l’action est concentrée sur le ciblage des groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda par la fermeture de leurs sanctuaires, le tarissement de leurs ressources financières, la lutte contre l’idéologie extrémiste, et le ralentissement du flux de nouvelles recrues. »
Relevant « l’importance pour les Etats-Unis de continuer à mener leur lutte anti-terroriste au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et partout dans le monde », Mme Clinton a clamé : « Nous avons parcouru un long chemin au cours des quatre dernières années, et nous ne pouvons pas reculer maintenant ».
Comme on le voit, sous Bush II ou Obama, le terrorisme – engendré par le chaos – est un prétexte. Le moyen d’assurer et de légitimer devant les opinions publiques occidentales les guerres des USA pour la domination du XXIe siècle.
Comme le résumait pertinemment Glenn Greenwald dans le GUARDIAN : « La “ guerre contre le terrorisme ” est une guerre qui assure sa propre pérennité, précisément parce quelle crée sans fin ses propres ennemis et qu’elle fournit l’huile garantissant que le feu brûlera jusqu’à la fin des temps. Mais la propagande à base de slogans qui sert à justifier tout ceci est à ce point facile et de pacotille (il faut tuer les terroristes !) qu’il est difficile de percevoir quand tout cela s’arrêtera. La peur aveugle – pas seulement de la violence, mais de l’Autre – qui a été greffée avec succès dans le cerveau de nombreux citoyens occidentaux est telle que ce simple vocable vide de sens (les terroristes) est capable, à lui seul, d’engendrer un soutien inconditionnel à toute initiative prise en leur nom, quel que soit le secret ou le manque de preuves qui l’entoure. »
STRATEGIE DU CHAOS POUR
Comment expliquer cette stratégie démente qui conduit, au « Grand Moyen-Orient » et en Afrique à soutenir les mêmes djihadistes islamistes en Libye et en Syrie, à les installer au pouvoir puis à les combattre en Afghanistan, à s’allier à eux à Doha, Karachi ou Riad, mais à les combattre au Sahel ?
La réponse s’appelle la « stratégie du chaos », théorisée dans les plus récents ouvrages américains de géopolitique. Le Chaos comme en Libye. Qui a entraîné celui au Sahel et au Mali. Avant celui en Syrie. Sur le modèle de
C’est, selon moi, une des options planifiée par Washington et son allié sioniste pour le « Grand Moyen-Orient ». Précisément celle qui s’impose concrètement une fois la réalité du terrain confrontée aux scénarios géopolitiques et aux kriegspiels géostratégiques. Une « Grande Somalie » à l’échelle du monde méditerranéo-saharien, où l’impérialisme américain en faillite économico-financière, peut encore à peu de frais dominer les routes commerciales et piller les ressources …
C’est mon analyse dès les prémisses du soi-disant « printemps arabe », dont la crise au Sahel et au Proche-Orient n’est que la conséquence.
Le chaos comme avenir pour le Proche-Orient et l’Afrique et non une impossible « démocratie libérale », le chaos et la « somalisation » à la fois comme moyen et comme objectif d’un projet de domination impérialiste : celui du XXIe « siècle américain » !
LES GUERRES AMERICAINES CONTRE
Une fois de plus les USA, servilement suivi par les politiciens de l’OTAN, s’engagent dans une série de guerre contre les intérêts de
Les guerres des USA sont en effet des guerres contre
Le grand théoricien de l’impérialisme américain au XXIeme siècle est Zbigniew BRZEZINSKI (4) dont le domaine est la géostratégie et la géopolitique et qui publie “The Grand Chessboard” en 1997, titré “Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde” pour son édition française. La réflexion de BRZEZINSKI est centrée sur les conditions géopolitiques de la puissance américaine et de son contrôle sur l’Eurasie, le “grand échiquier” où Washington doit éliminer tout rival potentiel ou réel.
Pour maintenir leur leadership, qui n’est rien d’autre que la domination mondiale, les USA doivent avant tout maîtriser le “grand échiquier” que représente l’Eurasie, où se joue l’avenir du monde. Cette maîtrise repose sur la sujetion de l’Europe occidentale, étroitement liée aux USA dans un ensemble politico-économique occidental, la communauté atlantique cadenassée par l’OTAN. Jean THIRIART parlait de l’OTAN « non comme d’un bouclier mais d’un harnais pour l’Europe ». Elle repose aussi sur l’isolement de
Le danger mortel pour les USA, puissance extra-européenne à l’origine de par sa situation même, serait d’être expulsée d’Europe occidentale, sa tête de pont en Europe. Dans cet objectif, tout rapprochement de l’Europe et de
Les guerres au Sahel ou contre
Une UE qui a échangé un projet pacifique pour un environnement géopolitique chaotique et déstabilisateur, qui ne profite qu’à Washington, Tel-Aviv, leurs alliés « arabes » et quelques multinationales.
LM
PS : je reviendrai prochainement sur ce sujet important dans deux autres parties, où j’évoquerai particulièrement les bases théoriques du plan américain pour la domination du XXIe siècle :
* le « projet du Croissant chiite », projet géopolitique américain, connexe et complémentaire à celui du « Grand Moyen Orient »…
* la théorie géopolitique dite « du chaos ».
________________________
(1) Luc MICHEL, FOCUS / GEOPOLITIQUE & GRAND MOYEN-ORIENT (1) : LES ARABES DE WASHINGTON – OCI ET LIGUE ARABE – ET L’ISOLEMENT DE L’IRAN,
(2) Luc MICHEL, PSEUDO REVOLUTIONS DE COULEUR ET SOI-DISANT PRINTEMPS ARABE : LES COUPS D’ETAT DES USA A L’EST ET EN ORIENT DECRYPTES,
(3) Le général et géopolitologue autrichien Lohausen (1907-2002), ancien membre de l’Etat major du Maréchal Rommel, proche des patriotes anti-nazis du 20 juillet 1944, s’inscrit dans la suite des thèses géopolitiques de Jean Thiriart sur « l’Europe de Vladivostok à Dublin ». Le livre principal de géopolitique du général, MUT ZUR MACHT. DENKEN IN KONTINENTEN s’inscrit dans l’Ecole d’HAUSOFER, mais reprend aussi de nombreuses conceptions de THIRIART. LOHAUSEN parle notamment de « l’Europe de Madrid à Vladivostok ».
(4) Disciple de Henry KISSINGER et adepte de la “real politique” comme lui, BRZEZINSKI, d’origine polonaise, est expert au Center for Strategic and International Studies (Washington DC) et professeur à l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Il fut conseiller du président des Etats-Unis de 1977 à 1981. Depuis 2007, il est – avec le financier Georgy Söros – l’un des deux mentors d’Obama.
_____________________
Photos : Clinton en visite à Tripoli, le 19 octobre 2011, accueillie sous les « allah akbar » djihadistes par les katibas islamistes, les milices de Tripoli de Habdelhakim Belhadj – appointé « gouverneur militaire de Tripoli » par les généraux de l’OTAN, ex de Guantanamo et cadre libyen d’Al-Qaida – et de Zintan de Ajmi al-Atiri …