Luc MICHEL pour EODE Think Tank /
Avec Cameroon Voice – Le Messager (Cameroun) / 2013 05 16 /
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« Nous regrettons la disparition du colonel Mouammar Kadhafi. Prendre le relais de son combat panafricain est difficile »
– Teodoro Obiang Nguema, président de
En prélude à la tenue des élections générales – sénatoriales, législatives et municipales – du 26 mai 2013, le chef de l’Etat équato-guinéen a donné ce mardi 14 mai 2013, à Malabo, une conférence panafricaine de la presse, devant des journalistes venus d’Afrique (Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Comores, Bénin, Rdc, Congo-Brazza, Tchad, etc). Il y a exposé une pensée panafricaine renouvelée, qui, deux ans après la destruction de
On connaît mal
EODE ET NOS THESES SUR L’AFRIQUE
Les positions du président de Guinée Equatoriale rejoignent nos préoccupations.
EODE voit le processus d'unification de l'Europe et de l'Afrique comme deux voies similaires, qui doivent se réaliser en symbiose. Cela signifie pas d'intervention occidentale en Afrique et vrai respect pour les états africains. Cela signifie aussi que
Cette vision de
Tout cela va à l’encontre de notre vision d’un monde multipolaire. Le rôle central joué par le dialogue des cultures est bien oublié et nous assistons au retour en Méditerranée et en Afrique des thèses bellogènes du « choc des civilisations ». Le retour des thèses panafricaines à Malabo est donc pour nous un signe positif qui va dans l’autre sens.
QUE DIT LE PRESIDENT TEODORO OBIANG NGUEMA DE L’AFFRIQUE ?
Voici la synthèse des préoccupations évoquées par le numéro un équato-guinéen (d’après le résumé réalisé par Frédéric BOUNGOU et Alain NJIPOU pour Radio Cameroun) :
* Il dénonce le retour au néo-colonialisme :
« … rechercher des solutions aux maux qui minent l’Afrique. J’ai été favorable à cet échange parce que le continent africain est méprisé à l’échelon international. L’Afrique a souffert des affres de l’histoire. D’abord la traite négrière qui a consacré la violation des droits de l’Homme. On ne saurait, de notre point de vue, transformer des humains en esclaves.
Ensuite la colonisation. Une période au cours de laquelle, l’Afrique a été spoliée. Exploitation de l’homme, exploitation de nos richesses. Ceux qui hier étaient le socle de cette exploitation sont aussi à la base des diverses crises qui secouent le monde. Je citerai la crise du néo-colonialisme, de l’exploitation de nos richesses…Le souci de certaines puissances est de voir comment elles peuvent avoir accès à nos richesses. C’est ce qui s’est passé en Libye où on a déstabilisé le pays pour pouvoir contrôler les matières premières.
La presse africaine doit faire son travail en informant les Africains non pas en faisant confiance aux gens qui veulent exploiter ou détruire l’Afrique. C’est à ce titre que nous continuons à demander des indemnités pour le dédommagement de l’Afrique, victime de l’esclavage et de la colonisation et aujourd’hui du néo colonialisme. L’Afrique est un continent déclaré pauvre. Si nous sommes pauvres, c’est à cause de l’exploitation de nos ressources. Ceux qui n’aiment pas l’Afrique utilisent des expressions dénuées de sens du genre «Biens mal acquis» alors qu’ils disposent des propriétés en Afrique. »
* Il développe une vision panafricaine après la mort de Kadhafi :
Le temps fort du discours du président, c’est l’hommage à la vision panafricaine de Moammar Kadhafi. Un discours courageux à l’inverse et à l’encontre de la propagande occidentale.
« Nous regrettons la disparition du colonel Mouammar Kadhafi. Prendre le relais de son combat panafricain est difficile. Ce d’autant que chaque pays a sa politique et quelques différences subsistent. Globalement, beaucoup de chefs d’Etat africains étaient d’accord avec les idées de Kadhafi et ont d’ailleurs soutenu celles-ci. Je ne peux pas prendre le relais. J’invite plutôt les autres chefs d’Etat du continent noir à être solidaires. Certains chefs d’Etat sont téléguidés par des puissances occidentales, ils doivent éviter de tomber dans le piège des manipulations exogènes à l’Afrique, car ces puissances ne veulent pas que l’Afrique avance. »
LE REFUS DES DIKTATS OCCIDENTAUX
Dans cette optique anticolonialiste, le président Teodoro Obiang Nguema refuse les diktats occidentaux :
« Je n’accepte aucune leçon de gouvernance de la part de gens qui n’ont pas hésité à piller systématiquement et qui continuent de piller l’Afrique. Je n’ai aucun complexe vis-à-vis de dirigeants occidentaux. »
« Nous donnons la priorité à la coopération sud-sud, à la coopération interafricaine. Car nous devons d’abord resserrer nos liens. N’oubliez pas que cela fait seulement cinquante ans que nous nous sommes débarrassés du joug colonial. Il faut du temps pour mettre les bases du développement. Mais nous sommes optimistes et notre volonté est que l’Afrique grandisse. »
« Nous n’attendons rien de la presse occidentale, pour agir dans le sens de construire l’Afrique (…) La presse occidentale donne une image négative de l’Afrique. »
Déjà le 31 décembre dernier, dans son « Message à la nation » , il dénonçait les puissances impérialistes et la campagne de désinformation dont la guinée équatoriale est victime : « ne soyez pas surpris car la guinée équatoriale est parmi les pays sélectionnés par les puissances en crise économique pour la déstabiliser. Le peuple jouit des grandes libertés politiques, économiques, sociales et culturelles, l'on observe un développement progressif de la démocratie (…) avec le développement des infrastructures économiques et sociales qui nous incite à continuer de travailler vers l'émergence de
TEODORO OBIANG NGUEMA A AUSSI UNE VISION REGIONALE AVEC LA « CEMAC »
Le président équato-guinéen a aussi une vision pour
« La politique d’intégration en zone de
UN NOUVEAU DISCOURS EN AFRIQUE
La presse africaine ne s’y est pas trompée. C’est bien un discours nouveau en Afrique. Ecoutons l’analyse de Frédéric BOUNGOU (Cameroon Voice) : « Pour lui, c’est bien simple : pour se développer, l’Afrique doit se départir du joug néo colonial, ses dirigeants doivent cesser d’être des pantins au service de l’Occident, et penser d’abord et avant tout au bien-être de leurs concitoyens. « Je n’ai aucun complexe vis-à-vis des dirigeants européens », soutient-il par exemple. L’Afrique, selon lui, dispose de potentialités énormes : ses ressources naturelles. Il lui faut donc seulement la volonté de ses dirigeants pour la faire décoller économiquement. Ci-dessous la quintessence de cette conférence de presse. Une profession de foi ? Une vraie leçon à ses pairs africains, surtout… »
VERS UN MODELE EQUATO-GUINEEN
Nous soulignons que
Le président Teodoro Obiang Nguema, qui définit son pays comme "un état social et de droit" (décembre 2012), développe aujourd’hui incontestablement une vision pour son pays. Revenons à sa conférence de presse de ce 14 mai 2013.
* Il insiste sur la reconstruction des institutions de l’Etat :
« L’avènement du Sénat participe d’une vision d’ensemble. Nous travaillons à la réforme de nos textes et lois pour que les Equato-guinéens participent effectivement à la gestion de la chose publique, à la vie politique. C’est dans ce cadre que de façon méthodique, nous voulons créer une chambre des représentants, mettre sur pied le Conseil économique et social, une Cour des comptes…
Nous sommes dans un processus démocratique qui épouse les réalités de nos cultures, nos traditions, nos mentalités…Dans un processus électoral crédible, deux aspects fondamentaux sont importants pour mener à bien les opérations électorales. D’abord, les inscriptions sur les listes, le recensement des votants qui ont été bien conduits au point où un document de satisfaction a été signé entre les partis politiques de l’opposition et le gouvernement. Ensuite la question du matériel électoral, notamment les ressources financières. A ce titre, le gouvernement a remis des ressources financières appropriées aux partis politiques. Tous ces aspects sont réglés. Reste attendue, la participation des populations au vote proprement dit. »
* Il vise à « l’émergence de
« Le gouvernement de cette République travaille pour le bien-être des fils et filles de ce pays. J’en veux pour preuve, la construction des logements sociaux, la construction des routes, la création d’une Université nationale, la création des centres et autres structures éducatifs… Dans cette dynamique, la priorité est donnée à la main d’œuvre locale. Certes, nous n’allons pas faire avec ceux qui ne veulent pas travailler, mais je peux vous assurer qu’en Guinée, il n’existe pas un problème de l’emploi. Nous avons fait instaurer une loi qui veut que les entreprises implantées dans notre pays consacrent 75% du personnel recruté à la main d’œuvre nationale. En outre, ces entreprises doivent avoir leur siège social construit sur place parce que quand ces entreprises vont partir de
* Il mise sur l’éducation, la formations des élites nationales :
« Pour parvenir à ce cap, cela passe par la formation. A l’horizon 2020, nous voulons que nos jeunes soient des universitaires. Nous voulons laisser une nation prospère à la postérité avec des jeunes dynamiques, bien formés. Il faut retenir que
* Enfin, il entend gérer les ressources naturelles et l’après-pétrole :
« Le programme économique qui ambitionne de faire de
Le temps semble venu, avec cette vision ambitieuse, et les moyens dont dispose le pays, « nouvel eldorado pétrolier », d’un modèle équato-guinéen …
Luc MICHEL
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Notes et renvois :
(1) Cfr. LES ATLAS DE L'AFRIQUE, GUINEE EQUATORIALE, Ed. Jeune Afrique (Paris) ;
Jean-Claude Klotchkoff ,
Et GUINEA ECUATORIAL ,
(2) Samuel Denantes Teulade, MALABO, GUINEE-EQUATORIALE : LE NOUVEL ELDORADO PETROLIER DE L'AFRIQUE, L’Harmattan, Paris, 2009.
(3) Cfr. Luc MICHEL, GUINEE EQUATORIALE : ELECTIONS LEGISLATIVES , SENATORIALES ET MUNICIPALES LE 26 MAI 2013,
(4) Cfr. Luc MICHEL, « VISIONARY AFRICA » : DIALOGUE DES CULTURES ET COOPERATION ENTRE LES UNIONS EUROPEENNE ET AFRICAINE !, « La culture placée au cœur du dialogue Afrique-Europe ! », in LIBYA NEWS & FACTS, bulletin du CEREDD (Bruxelles et Paris) n° 2.150, 25 octobre 2010.