LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 04 04/
L’expert français de la Guerre du Sahel contre les djihadistes, Marc-Antoine Pérouse de Montclos (1), auteur de deux livres retentissants sur le sujet (2), le reconnaît : la France a déjà perdu la guerre du Sahel !
J’ai consacré une analyse, du point de vue du Néopanafricanisme (Pérouse a celui d’un patriote français) à cette thématique pour le ZOOM AFRIQUE de PRESS TV (Iran) :
* DE BARKHANE A TAKUBA:
LA GUERRE PERDUE DE LA FRANCE AU SAHEL
sur http://www.lucmichel.net/2020/04/02/flash-video-luc-michel-sur-le-zoom-afrique-de-press-tv-iran-de-barkhane-a-takuba-la-guerre-perdue-de-la-france-au-sahel/
J’ai complété le sujet sur AFRIQUE MEDIA en exposant la volonté d’africaniser la Guerre du Sahel du Président tchadien Idriss Déby Itno. Plan qu’il a imposé au sein de l’Union Africaine :
* LE DEBAT PANAFRICAIN 2020 04 :
LA VISION TCHADIENNE PANAFRICAINE DE LA GUERRE DU SAHEL
sur https://vimeo.com/402626161
« Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement, est un fin connaisseur de la zone sahélo-saharienne et plus particulièrement du Nigéria », commentait la revue de Géopolitique ‘Hérodote’ en janvier 2019. « Avec cet ouvrage, Marc-Antoine Pérouse de Montclos tente d’apporter un peu de clarté dans la complexité des mouvements djihadistes présents en Afrique afin de corriger les représentations que s’en font les Occidentaux et en particulier les Français puisque l’armée française se trouve engagée depuis janvier 2013 dans la lutte contre les groupes djihadistes. Avec méthode et arguments, l’auteur s’attache à exposer la complexité des conflits qui opposent, comme il le dit dès la première page, « des musulmans sahéliens entre eux bien plus qu’à des chrétiens », car ils sont surtout soucieux de combattre les « mauvais musulmans ». »
# LE DOSSIER I
LE DERNIER LIVRE DE PEROUSE DE MONTCLOS :
« UNE GUERRE PERDUE : LA FRANCE AU SAHEL »
Extrait de l’entretien de l’auteur avec RFI, où il estime que la France mène « une guerre sale au Sahel », avec « un usage immodéré de la violence » et « doit quitter le Mali » :
« Je suis favorable à une annonce publique d’un calendrier de désengagement qui devrait être négocié, évidemment, avec les partenaires du G5 Sahel, pour que ce soit un signal fort qui incite les États de la région à se prendre en main. Actuellement, ils sont, pour beaucoup d’entre eux, sous perfusion financière et militaire (…) Oui, il y a une « guerre sale ». Il y a de la torture, on a des rapports d’Amnesty International, de la Fédération internationale des droits de l’homme d’exécutions extrajudiciaires, avec un vrai risque, puisque le dernier sommet de Pau prévoit qu’il y aura un commandement conjoint (un rapprochement, en fait, de l’armée française et des armées africaines du G5 Sahel) (…)
Loin de percevoir les mécanismes pervers du néocolonialisme, Pérouse de Montclos évoque « une délégitimation de l’Etat » (des états africains), « qui est perçu comme finalement un organe uniquement répressif et pas un organe qui permet d’arbitrer les conflits, prompt à assurer une croissance économique redistributive avec de la justice sociale ». Selon lui,
« le jihadisme n’est jamais que le symptôme de la crise des États au Sahel. C’est un problème d’abord politique. On voit bien que derrière l’émergence de groupes jihadistes, que ce soit dans le nord du Mali, que ce soit aujourd’hui dans le centre ou le nord du Burkina Faso, il y a de très vieilles histoires de griefs profonds vis-à-vis du pouvoir central (…) Des groupes émergent, ils se saisissent finalement d’une idéologie jihadiste qui vient se surimposer à tout cela. Je crois que quelqu’un comme Iyad Ag Ghali, qui a d’abord fait ses premières armes presque au nom du marxisme et avec ce que l’on appelait la légion islamique du temps de Kadhafi, tout en étant dans des logiques beaucoup plus séparatistes, touarègues et -avec beaucoup de guillemets- « laïques » est aujourd’hui devenu jihadiste. On voit bien que c’est quelqu’un qui se saisit des idéologies révolutionnaires du moment, pour finalement avancer son agenda politique, qui est de négocier un espace politique pour les Touaregs dans le nord du Mali. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas du tout de dimension religieuse à ces conflits -j’insiste là-dessus-, mais cela veut dire que la dimension religieuse n’est pas aussi importante qu’on veut bien nous le dire ».
LE « PECHE D’ORGUEIL POSTCOLONIAL » :
QU’EST-CE QUI SEMBLE GUIDER LA VOLONTE DE LA FRANCE DE RESTER ENGAGEE MILITAIREMENT AU SAHEL ?
Selon l’auteur, « Il y a toujours beaucoup de complotisme sur des ressources insoupçonnées, mais le pétrole au Niger est exploité par les Chinois. Au Tchad, ce sont les Chinois et les Américains. Au Mali, il y a les prospections faites par la compagnie algérienne Sonatrach. Ce ne sont pas les Français qui sont là-dedans, ce ne sont pas les intérêts économiques qui ont poussé la France à intervenir. C’est le besoin de démonstration de puissance. Ce discours qui est de dire : je fais le job pour les autres, y compris pour les pays de l’Union européenne. Je vous évite d’être envahis par la barbarie jihadiste et accessoirement –ce n’est pas dit officiellement–, je permets aussi de fermer le risque d’un exode migratoire vers la Méditerranée… cela permet à la France de justifier sa position importante au sein de l’Union européenne et également aux Nations unies de puissance moyenne. Avec aussi, une espèce de péché d’orgueil postcolonial qui est d’imaginer que l’ancienne puissance coloniale sait ce qui est bon pour les Africains et est capable de résoudre leurs problèmes. Je crois que ça, ça continue malgré tout d’imprégner certains esprits dans la classe politique française (…) Soixante ans après les indépendances des pays francophones. »
# LE DOSSIER II
LE LIVRE PRECEDENT DE PEROUSE DE MONTCLOS :
« L’AFRIQUE, NOUVELLE FRONTIERE DU DJIHAD ? »
« Dans cet essai très documenté, enquête au plus près des leaders musulmans, des combattants, des responsables des services de sécurité et s’appuyant sur des données économiques, sociologiques, politiques, pas seulement religieuses, ce spécialiste de l’Afrique déconstruit les idées reçues et les discours dominants concernant le djihad en Afrique »
– Mediapart (14/06/2018).
Ce livre est une introduction indispensable à la « Guerre perdue du Sahel » …
« Boko Haram au Nigeria, les chebab en Somalie, AQMI au Mali… Plus de vingt ans après les attentats organisés en 1998 par Al-Qaïda contre les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie, la progression des mouvements islamistes radicaux en Afrique subsaharienne, notamment au Sahel, inquiète les populations locales et les observateurs internationaux.
Ce livre solidement argumenté dresse un panorama éclairant des mouvements dits « djihadistes » en rappelant leurs origines, historiques et sociales. Loin d’être les tentacules d’une monstrueuse « Internationale Terroriste », ces mouvements puisent d’abord leurs racines dans des dynamiques locales », dit l’éditeur.
L’EXEMPLE DES RACINES HISTORIQUES ET GEOPOLITIQUES DE BOKO HARAM DANS LA PERSPECTIVE DE « L’EMPIRE DE BORNO » …
Une thèse que je partage, lorsque je peste contre ceux qui parlent de Boko Haram comme « d’une secte de drogués », alors que l’organisation plonge ses racines géopolitiques et sociales dans la nostalgie géopolitique du Sultanat de Bornou (800-1893). Souvent présenté come une « secte misérable », en particulier par les discours d’état du Niger et du Nigéria qui peinent à le combattre, Boko Haram plonge en fait ses racines dans une réalité géopolitique et historique bien plus solide : celle de l’empire ou Sultanat de Borno (environ 1380-1893) et du « royaume de Kanem-Bornou » (800-1380) !
Le royaume du Kanem, un de ces états africains méconnus, est fondé vers le VIIIe siècle par la dynastie Teda, population noire chamelière, originellement établie au Nord du Tchad. Majoritairement musulman vers 1085, il atteignit son apogée avec Dounama Dibalami (1220-1259), qui l’étendit vers le Fezzan et le Nil et noua des relations avec les royaumes berbères, en particulier avec les Almohades. Après la mort de Dounama, le royaume se morcela rapidement. Au xive siècle, il fut menacé par les Saos et les Boulala venus de l’est. Pour échapper à ces attaques extérieures, les souverains du Kanem durent se réfugier sur la rive ouest du lac Tchad où ils fondèrent le royaume de Bornou en 1395. Le Bornou reconquit le Kanem et devint le Kanem-Bornou au xvie siècle. L’empire atteint son apogée sous le règne d’Idriss III Alaoma (1571-1632). À la fin du XVIIIe siècle, le Bornou a retrouvé une puissance certaine et étend son influence jusque sur les peuplades de la Bénoué moyenne. Sa prospérité est essentiellement basée sur le trafic des esclaves. Le dernier souverain de la dynastie des Sefuwa, Ali V est détrôné en 1846 par un chef local du Kanem, Omar IV ibn Mohammed el-Kanémi (1835-1880). À la fin du XIXe siècle, la région est ravagée par le négrier soudanais Rabah, qui s’impose à Hashim ibn Omar (1885-1893) comme sultan du royaume ; Rabah est écrasé par les armées françaises en 1900. Les descendants de la lignée des El-Kaméni sont rétablis avec Omar Ibn Hachem (1901 et 1922-1937) mais, désormais, il s’agit de souverains titulaires sans pouvoir, contrôlés par l’administration coloniale française.
Les thèses sur les racines géopolitiques « trans-sahariennes » de l’enracinement de Boko Haram dans l’Etat de Borno et de son expansion sur le territoire de l’ancien empire sont développées par Vincent Hiribarren dans son livre « A History of Borno: Trans-Saharan Empire to Failing Nigerian State » (Hurst et Oxford University Press, 2017).
PEROUSE DE MONTCLOS :
UNE ANALYSE INNOVANTE DES GROUPES INSURRECTIONNELS DJIHADISTES
« Plutôt que d’envisager le « djihadisme africain » comme une nébuleuse homogène et insaisissable, Marc-Antoine Pérouse de Montclos propose une analyse innovante de ces groupes insurrectionnels en s’appuyant non seulement sur des considérations religieuses mais aussi sur des données économiques, sociologiques et politiques trop rarement mobilisées. Nourri d’entretiens avec des leaders musulmans, des combattants et des responsables des services de sécurité, ce livre souligne les effets contre-productifs des réponses militaires apportées à la « menace terroriste » au Sahelé, précise l’éditeur. « De quoi le jihad est-il réellement le nom en Afrique ? Les discours officiels le présentent avant tout comme une « menace globale » contre l’Occident. Mais est-ce vraiment le cas ? C’est la question que se pose Marc-Antoine Pérouse de Montclos dans L’Afrique, nouvelle frontière du djihad? un livre aussi percutant que dérangeant », commentait Libération (31 mai 2018)
# LE DOSSIER III
TABLE DES MATIERES DE
« L’AFRIQUE, NOUVELLE FRONTIERE DU DJIHAD ? »
Remerciements et précisions
Introduction : Le « Sahelistan » à l’épreuve des amalgames
Un « arc de crise » ?
Le « djihadisme », un néologisme à géométrie variable
Une analyse systémique
1. Au-delà des idées reçues sur la poussée de l’islam en Afrique subsaharienne
Les fausses évidences du « choc des civilisations »
L’importance de la démographie
Une « galaxie djihadiste » éclatée
Des dissensions tactiques et idéologiques
Plasticité doctrinale
2. Le « djihad » en Afrique, une histoire ancienne
Les djihads d’autrefois, véritables forces politiques
L’islam et le colonisateur : un mariage de raison
Du soufisme au salafisme
La compétition pour le pouvoir religieux
3. États faibles et demande de charia en postcolonie
La résurgence de l’islamisme au sortir des indépendances
Nigeria : la charia à l’épreuve de la realpolitik
Soudan : l’échec de la dictature islamiste
Les contradictions du djihadisme, une chance pour l’État ?
4. L’« Internationale djihadiste » : entre fantasmes et théories du complot
Le « croissant de la terreur » à l’épreuve des faits
Un modèle révolutionnaire global ?
Des djihadistes africains et non arabes
Le cyberespace au Sahara : un mirage
5. Les ressorts de la mobilisation djihadiste
L’obscurantisme : un problème religieux ou un héritage colonial ?
Endoctrinement et écoles coraniques
Fanatisme ou pragmatisme ?
Le temps de la négociation
Prison, torture et mobilisation
6. La pauvreté, l’argent et le Coran
La misère en toile de fond
Les ONG islamiques, médiatrices ou banques de la terreur ?
De la charité à la solidarité et de la contrebande au racket
La corruption des forces armées
L’aide au développement contre les sanctions économiques
7. Logiques répressives et prophéties autoréalisatrices
Trente ans d’interventions militaires
Des limites intrinsèques
Quand les exactions militaires font le jeu des djihadistes
Avantages et inconvénients de l’assassinat
Des bilans contestables
Conclusion : Des limites des réponses militaires au terrorisme djihadiste
La « bataille des cœurs et des esprits »
Pour une analyse politique de l’extrémisme religieux
Glossaire.
NOTES :
(1) Marc-Antoine Pérouse de Montclos, politologue, est directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Spécialiste reconnu du continent africain, il est notamment l’auteur de « Les humanitaires dans la guerre : des idéaux à l’épreuve de la politique » (La Documentation française, 2013).
Politiste et directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), l’auteur connaît bien l’Afrique et ses hommes. Si de cette longue enquête de terrain il en sort un panorama des mouvements djihadistes, dans lequel sont décrites les origines historiques et sociales de ces mouvements, c’est avant tout pour mieux déconstruire un récit dominant truffé de stéréotypes et d’idées reçues. À commencer par la hantise d’une islamisation rampante des sociétés alimentées par l’explosion démographique d’abord.
(2) Cfr. sur EODE-BOOKS :
UNE GUERRE PERDUE : LA FRANCE AU SAHEL:
http://www.lucmichel.net/2020/02/03/eode-books-revue-de-presse-une-guerre-perdue-la-france-au-sahel/
(Sources : La Découverte – Press TV – Afrique Média – Hérodote – Libération – EODE Think Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
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